Peut-on dire que les cyclistes font n'importe quoi ?

En ville comme à la campagne, les cyclistes sont souvent pointés du doigt pour leurs comportements jugés imprudents. Feux rouges brûlés, circulation sur les trottoirs, dépassements risqués… Ces images nourrissent des clichés qui freinent la transition vers une mobilité plus durable. Mais la réalité est plus complexe : si le respect du code de la route est indispensable à la sécurité de tous, il ne suffit pas d’accuser les cyclistes pour expliquer les accidents. Les infrastructures et l’éducation jouent un rôle tout aussi majeur.
Peut-on dire que les cyclistes font n'importe quoi ?

Le respect du code de la route : une question de vie ou de mort

Rouler sur les trottoirs ou ignorer un feu rouge peut sembler anodin, mais ces comportements multiplient les risques d’accidents graves.

Selon l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR, 2023) :

  • 31% des accidents impliquant des cyclistes trouvent leur origine dans une infraction commise par le cycliste.
  • Parmi celles-ci, le non-respect des feux rouges est impliqué dans près de 18% des accidents cyclistes enregistrés.
  • Pourtant, en termes de gravité, les automobilistes restent de loin les plus responsables : 73% des morts sur la route concernent des conducteurs ou passagers d’automobiles, contre 3% seulement pour les cyclistes.

Autrement dit : oui, les cyclistes doivent respecter les règles, mais non, ils ne sont pas « les plus dangereux ». Leur vulnérabilité fait même que ce sont eux qui paient le prix le plus fort en cas de non-respect du code.

Casque à vélo : protection utile, mais fausse solution

Le casque réduit le risque de traumatisme crânien grave en cas de chute. Mais vouloir le rendre obligatoire est une fausse bonne idée.

Un parallèle permet de comprendre : ce serait comme dire aux piétons de porter un casque pour traverser une route dangereuse… alors qu’il est plus efficace de sécuriser les passages piétons.

La sécurité des cyclistes repose avant tout sur les aménagements. Selon l’ADEME (2022), la simple présence d’une piste cyclable séparée divise par deux le risque de collision avec une voiture.

La vraie priorité n’est donc pas de contraindre les individus, mais de repenser les espaces publics pour offrir :

  • des pistes continues et protégées,
  • des zones apaisées (30 km/h),
  • des intersections claires et sécurisées.

Former dès l’enfance : une génération de cyclistes responsables

Apprendre à rouler en respectant les règles peut commencer très tôt :

  • Dès 6 ans, un enfant peut assimiler les bases comme le respect des feux, l’usage des trottoirs et la vigilance aux intersections.
  • Le Savoir Rouler à Vélo, programme national déployé depuis 2019, vise à former 100% des enfants d’ici la fin du CM2 à circuler de manière autonome et sécurisée à vélo.

Cette éducation précoce réduit les comportements à risque dès l’âge adulte, et installe durablement une culture du partage avec les autres usagers.

Responsabilités partagées : cyclistes vs automobilistes

Les cyclistes, plus exposés, doivent être exemplaires. Mais un constat s’impose :

  • Dans 7 accidents mortels sur 10 impliquant un vélo, la cause principale est liée à une faute de l’automobiliste (ONISR, 2023).
  • Dépassements dangereux, vitesse excessive ou défaut de vigilance sont les facteurs dominants.

Pour améliorer la cohabitation :

  • les automobilistes doivent respecter 1,5 m de distance en doublant,
  • les cyclistes doivent utiliser les aménagements dès qu’ils existent,
  • et les collectivités doivent garantir un réseau cyclable continu, condition sine qua non pour éviter les conflits permanents sur la chaussée.

Les sanctions prévues en cas d’infractions

Contrairement à une idée reçue, les cyclistes ne roulent pas « hors la loi » : ils encourent les mêmes sanctions que les automobilistes pour certaines infractions.

Ces amendes rappellent que le vélo n’est pas un « espace de non-droit », mais bien intégré au système routier.

Les infrastructures, la clé pour réduire les infractions

L’une des raisons expliquant des comportements perçus comme « anarchiques » est l’absence d’aménagements adaptés. Quand aucune piste n’existe, certains cyclistes choisissent le trottoir plutôt que de rouler au milieu du trafic motorisé.

Exemple frappant :

  • À Copenhague, où 62% des trajets domicile-travail se font à vélo, la présence d’un réseau continu de pistes entraîne une discipline remarquable : moins de 5% des cyclistes grillent un feu rouge, contre environ 20% à Paris (CEREMA, 2022).

En clair : ce n’est pas la « morale » des cyclistes qui change, mais l’environnement.

Conclusion : casser le cliché, construire la confiance

Les cyclistes ne « font pas n’importe quoi » par nature. Comme tous les usagers, une minorité nuit à l’image d’une majorité respectueuse. Les vraies solutions se trouvent ailleurs :

  • une éducation précoce et continue,
  • des infrastructures sécurisées et lisibles,
  • une responsabilité partagée entre cyclistes, automobilistes et collectivités.

Développer une culture cyclable, c’est avant tout construire la confiance. Avec plus de sécurité et de respect mutuel, l’usage du vélo pourra continuer à croître sans susciter ces éternels débats stigmatisants.

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