Les véhicules d’aujourd’hui, et pas seulement les SUV, ont pris de l’embonpoint. En moyenne, ils sont 20 cm plus larges qu’il y a 30 ans. Par exemple, la largeur moyenne des voitures neuves en 2023 est de 180,3 cm, contre 177,8 cm en 2018. Ce phénomène rend difficile l’utilisation des parkings anciens, dont les places sont définies par des normes obsolètes.
Une consultation a été lancée le 19 septembre pour élargir les places de parking. Cependant, cette solution divise. Si les exploitants de parkings et les constructeurs automobiles soutiennent cette initiative, d’autres acteurs, comme les collectivités locales et les promoteurs immobiliers, y sont plus réticents. La révision des normes pourrait entraîner des pertes de rentabilité et une réduction du nombre de places disponibles dans les parkings urbains.
Stein Van Oosteren, un fervent défenseur du vélo et de l’espace public, dénonce cette consultation pour cinq raisons majeures. Selon lui, cette décision sacrifierait encore plus d’espace aux voitures, au détriment des piétons et des cyclistes.
Les voitures, et en particulier les SUV, prennent toujours plus de place dans nos villes, réduisant l’espace destiné aux piétons et aux cyclistes. Cette situation augmente les risques pour les usagers vulnérables.
Van Oosteren critique l’idée d’adapter les villes aux véhicules de plus en plus larges. Selon lui, les villes devraient être pensées pour les humains, et non pour les voitures. Plutôt que d'élargir les rues et parkings, pourquoi ne pas les piétonniser ou encourager des modes de transport plus légers ?
L’élargissement des places de parking entraînerait également une hausse des ventes de SUV, véhicules plus grands, plus lourds et donc plus polluants. Le poids accru des véhicules intensifie l’abrasion des pneus et des freins, produisant plus de particules fines, nocives pour la santé.
En acceptant des normes de stationnement plus larges, la ville valide indirectement la tendance à acheter des voitures plus imposantes. Ce phénomène aggrave la pollution et contribue à la détérioration de la qualité de l’air en milieu urbain.
En permettant aux SUV de dominer nos rues, les villes pourraient devenir des terrains dangereux où chacun serait poussé à acheter des véhicules plus grands pour se protéger des "monstres de la route". Aux États-Unis, où les SUV sont omniprésents, le nombre de piétons morts a presque doublé en 10 ans.
Les SUV sont beaucoup plus dangereux pour les piétons et les cyclistes, notamment en raison de leur taille et de leur poids. Leur omniprésence dans les villes pose un véritable problème de sécurité.
Le paradoxe est que les voitures prennent de plus en plus de places, alors que les automobilistes se plaignent que ce soit de plus en plus compliqué de circuler.. La logique voudrait qu'elles soient de plus en plus compactes et seuls les véhicules utilitaires soient massifs. Quel est au juste l'intérêt d'acheter un SUV quand on vit en ville ? Quel est l'intérêt d'agrandir des places de parking pour des automobiles qui ne peuvent pas circuler en ville si ce n'est stocker sur du béton des automobiles qui ne bougent pas ?
Les citadins sont de plus en plus nombreux à exprimer leur préférence pour la piétonisation, la réduction de la place de la voiture et le développement des transports en commun et des pistes cyclables. Face aux défis environnementaux et aux changements climatiques, agrandir les places de parking semble être une solution à court terme qui ne tient pas compte des enjeux futurs.
Au lieu de privilégier l’élargissement des places de parking, les villes devraient investir dans des infrastructures cyclables, encourager les mobilités douces et améliorer les transports publics. La piétonisation des centres-villes pourrait également permettre de retrouver un espace public sécurisé et agréable. J'entends d'ici aux contre-arguments "l'espace urbain ne doit pas être réservé qu'aux bobos des centres-villes, les premières victimes de cette politique sont les pros et les personnes fragiles, etc." Bien sûr que la circulation des résidents, des personnes à mobilité réduite, des sociétés de travaux ne doivent pas être entravées. Mais si déjà les personnes qui peuvent marcher, prendre le bus et le vélo le faisait, nous réduirions non seulement la pollution en ville et aussi les embouteillages.
La question de l'agrandissement des places de parking reflète un débat plus large sur l’avenir de nos villes et de nos espaces publics. Faut-il s’adapter aux voitures toujours plus larges, ou repenser complètement l’organisation urbaine pour privilégier les modes de transport plus écologiques ? Cette consultation, qui s’annonce longue et complexe, devra répondre à des enjeux économiques, environnementaux et de sécurité publique.
Les places de parking actuelles ont été conçues selon des normes des années 1990, lorsque les voitures étaient plus petites. Aujourd'hui, les voitures, y compris les SUV, sont environ 20% plus larges, rendant les places de stationnement souvent inadaptées.
Les normes actuelles définissent les places de parking à 5 mètres de long et 2,30 mètres de large. Ces dimensions sont devenues obsolètes face à l'augmentation de la taille des véhicules modernes.
Les SUV, plus larges et plus hauts que les voitures classiques, dépassent souvent la taille des places de parking standard, ce qui rend difficile le stationnement sans empiéter sur les places voisines ou sur les trottoirs.
La consultation impliquera des discussions avec les exploitants de parkings, les promoteurs immobiliers et les collectivités locales. Elle durera environ un an et demi avant de proposer des solutions pour élargir les places de parking.
Stein Van Oosteren estime que l’élargissement des places de parking sacrifierait davantage l’espace public aux voitures, au détriment des piétons et des cyclistes, tout en augmentant les dangers pour les usagers vulnérables.
Élargir les places de parking encouragerait la tendance à acheter des voitures plus grandes, ce qui augmenterait la pollution et réduirait l'espace disponible pour les piétons et les cyclistes en ville.
Le processus de révision des normes de stationnement est long. Selon l'AFNOR, les discussions prendront au moins un an et demi avant que de nouvelles recommandations soient mises en place.
La taille des voitures, en particulier des SUV, a augmenté pour répondre à la demande des consommateurs pour des véhicules plus spacieux et confortables. Cela a entraîné une augmentation de 25% de la largeur des véhicules en moyenne.
Modifier les places de parking existantes est souvent impossible, en raison de contraintes structurelles comme les poteaux ou les rampes d'accès, ce qui pose un problème pour adapter les parkings aux voitures modernes.
Les villes peuvent mieux gérer l'espace public en favorisant les mobilités douces, comme la piétonnisation et le développement des pistes cyclables, plutôt qu'en élargissant les places de parking pour les voitures.