Jacques Baudrier, Adjoint à la maire de Paris en charge du logement et de la transition écologique du bâti, souligne l'importance de cette conversion : "On compte plus d’une centaine de milliers de places libres en sous-sol et, chaque année, plus de 10 000 voitures de moins à Paris".
Selon le bilan dressé par l’Observatoire des déplacements, Paris dispose de plus de 810 000 emplacements pour le stationnement des résidents et des visiteurs. Pourtant, la majorité écrasante (65%) de ces places de stationnement se trouve dans les immeubles d’habitation, où le manque de places pour les vélos est criant. (Pour aller plus loin je vous invite à consulter mon article : "Les copropriétés actrices clés mais pauvres contre le réchauffement climatique"). Seulement un quart des places de stationnement sont en surface ou dans les parkings souterrains de la Ville, laissant un potentiel énorme à exploiter pour favoriser l'usage du vélo comme mode de déplacement privilégié dans la capitale.
Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar, dévoile l'ampleur du fardeau financier que représente la dépendance à la voiture en France : "Avec 38 millions de voitures, chaque propriétaire dépense environ 6000 euros par an. Cela équivaut à 10% du PIB." Ce constat alarmant met en lumière le poids économique écrasant que représente la voiture.
Dans son ouvrage "Pourquoi pas le vélo", Stein van Oosteren pointe du doigt notre paradoxe. Alors que les trente dernières années ont vu nos villes se développer autour de la voiture, rendant l'espace urbain moins convivial et accessible, une alternative évidente émerge : le vélo. Aux Pays-Bas, exemple à suivre, 3 enfants sur 4 se rendent à l'école à vélo. Pourtant, en France, où le vélo pourrait couvrir jusqu'à 27% de nos déplacements, voire 70% en centre-ville, la voiture continue de dominer.
Les municipalités visionnaires, qui comprennent l'urgence de ce changement de paradigme, mènent des politiques courageuses pour libérer les centres-villes de l'emprise de la voiture. Les places de stationnement ainsi libérées offrent une opportunité précieuse de promouvoir le vélo en les convertissant en espaces dédiés. Cette transformation est vitale dans les zones urbaines où le manque de stationnement pour vélos se fait cruellement sentir. À ce sujet j'aimerais que les collectivités arrêtent de cofinancer des vélos dont la plupart des pièces sont produites à l'autre bout du monde avec un coût écologique exorbitant et investissent plutôt cet argent dans des infrastructures de stationnement et des pistes cyclables.
Les parkings, notamment ceux construits il y a plusieurs décennies, se vident progressivement. Ce phénomène s'explique en partie par le fait que bon nombre de ces parkings anciens ne sont même plus adaptés aux voitures d’aujourd’hui, devenues plus grandes et plus lourdes. Les dimensions souvent étroites et les rampes d'accès abruptes rendent ces parkings incommodes voire impraticables pour de nombreux conducteurs.
Paradoxalement, ces places de stationnement, initialement conçues pour accueillir les voitures, se trouvent souvent sous-utilisées voire totalement désertées. Leur occupation par des véhicules est devenue marginale, laissant des espaces vacants inexploités.
Le coût du mètre carré, en particulier à Paris, demeure exorbitant. Dans cette perspective, il apparaît économiquement judicieux de repenser l'utilisation de ces espaces sous-utilisés en les convertissant en places de stationnement pour vélos. Une telle reconversion permettrait non seulement de répondre à une demande croissante de stationnement pour vélos dans les zones urbaines densément peuplées, mais aussi de rentabiliser des surfaces jusqu'alors peu productives.
Bien entendu, ouvrir le parking aux cyclistes implique de donner des accès à plus de monde qui pourraient en profiter pour garer également leur voiture sur une place qui ne leur appartient pas au lieu de se contenter de ranger leur vélo dans un local dédié. Pour pallier cela, il est possible d'installer des bornes escamotables à l'entrée du parking puis de donner seulement aux automobiliste la télécommande permettant d'abaisser cette borne.
Cette reconversion des parkings obsolètes en espaces dédiés aux vélos représente une stratégie à la fois écologique et économique. Elle permettrait de valoriser des terrains sous-utilisés, de réduire la pression sur l'espace urbain et de promouvoir un mode de déplacement doux et respectueux de l'environnement.
La conversion d'une place de stationnement automobile en places dédiées au stationnement des vélos peut représenter une opportunité économique significative, pouvant générer jusqu'à trois fois plus de revenus. Cette démarche s'inscrit dans un contexte où le vélo gagne en popularité comme moyen de transport urbain, entraînant une demande croissante en matière de stationnement sécurisé pour les vélos. Les investissements dans des infrastructures de stationnement vélo sécurisées ne sont pas seulement des dépenses, mais également des opportunités d'investissement et de développement économique, ouvrant la voie à de nouveaux modèles commerciaux et à des initiatives innovantes. La comparaison entre les marchés du stationnement automobile et du stationnement vélo met en évidence le potentiel lucratif de ce dernier, révélant ainsi une tendance économique émergente à exploiter. De plus, la présence de places de stationnement pour vélos peut avoir un impact positif sur la valeur immobilière des logements, les rendant plus attrayants pour les acheteurs ou les locataires. En somme, la conversion des espaces de stationnement automobile en places de stationnement pour vélos représente non seulement une réponse aux besoins croissants en matière de mobilité urbaine durable, mais aussi une occasion de tirer profit des nouvelles tendances économiques.
Pour installer des places de stationnement pour vélos à la place des places de stationnement pour voitures sur la chaussée, il est nécessaire de contacter la municipalité pour signaler la nécessité d'une telle conversion. Si la place de stationnement automobile est souvent libre, la municipalité est susceptible d'accéder à la demande, bien que la décision finale reste entre leurs mains. En ce qui concerne les places de stationnement dans les parkings d'entreprises ou d'immeubles, il est essentiel de déterminer la propriété de ces places, puis de décider entre leur location ou leur achat.
Une fois cette étape franchie, il convient de concevoir les plans et d'évaluer les coûts des aménagements. Dans ce processus, une assistance gratuite est disponible grâce au programme de subvention Alvéole+ de la Fédération des Usagers de la Bicyclette. Il est fortement recommandé de solliciter l'aide d'un conseiller expert pour s'assurer de la conformité des équipements et des coûts associés.
Il est conseillé de privilégier les emplacements accessibles sur la longueur ou deux côtés pour maximiser l'utilisation de l'espace. La décision de cloisonner ou de laisser l'espace ouvert dépend des besoins en sécurité des vélos. Si la cloison est choisie, il est important de prévoir une porte suffisamment large et un système de fermeture automatique pour assurer la sécurité. Les options d'habillage, telles que le grillage, la tôle perforée ou le bardage bois, peuvent être envisagées en fonction des préférences esthétiques.
En ce qui concerne l'accès sécurisé, plusieurs options sont disponibles, notamment les serrures classiques à clé, les systèmes à badge nécessitant une alimentation électrique, ou encore les systèmes autonomes fonctionnant sur pile. Un convertisseur en ligne est disponible pour calculer le nombre de places de stationnement envisageables. Pour des plans et des évaluations plus détaillés, il est recommandé de contacter directement un professionnel comme Clap vélo.
La conversion des places automobiles en places vélo représente un double bénéfice : elle favorise un mode de transport plus écologique et économiquement viable. Avec une démarche bien planifiée, cette transition peut contribuer à rendre nos villes plus durables et conviviales."